Groupe citoyen pour la préservation des patrimoines culturels et naturels
Les patrimoines et les substilités de ses priorités :
Le fonds ancien de la médiathèque de Saintes en totale perdition
Depuis combien de temps le fonds ancien de Saintes, est-il en danger ?
Pour répondre à cette question, il faut revenir à des temps eux aussi bien anciens. En avril 2014, le site officiel de la Charente Maritime écrivait pourtant encore : « Le Fonds ancien régional. C’est la première chose qui frappe à l’étage de la médiathèque François-Mitterrand de Saintes. Une odeur prenante de vieux papiers, pas désagréable, même un peu envoûtante. Les quelques 25 personnes réunies dans la pièce n’ont d’ailleurs eu d’yeux que pour ces vieux papiers dressés sur trois tables devant eux ... C’était lors de l’accueil du public à l’occasion de la présentation des « Trésors en chantier », en avril 2014. Et combien d’entre nous se souviennent être allés étudier des livres remarquables dans la salle d’étude réservée autrefois aux recherches ?
…En plein cœur de notre ville, la médiathèque municipale François-Mitterrand occupe l’espace de l’ancien couvent des Jacobins depuis 1938, après la donation du négociant Maurice Martineau tant du bâti que de ses patrimoines littéraires et iconographiques, en 1928. Le trésor du fonds ancien, correspondant à pas moins de 100 000 documents est d’un intérêt générationnel et scientifique dépassant très largement le niveau local.
La notion même de « S » quand on cite le « fonds » parle d’elle-même. A ne pas confondre avec le fond d’un immeuble, cette orthographe, faux ami du pluriel, prend sa source étymologique à la racine latine de « fundus ». Dans les bibliothèques et les lieux culturels, le mot « fonds » prend alors sens de « collection », collections de livres, œuvres d’art ou documents d’intérêt national.
C’est cependant dès 2005 que le fonds n’est plus ouvert que sur rendez-vous et c’est depuis juillet 2011 que le fonds ancien régional de Saintes est définitivement fermé. On parle de la tristesse de la fermeture du lieu mais cela faisait déjà de nombreuses décennies que l’on savait combien le bâti et la collection étaient menacés, le site ne correspondant plus du tout aux normes de conservation, comme le souci d’hydrométrie.
La fermeture du fonds ancien avait bien évidement pour objectif de mettre hors de danger le patrimoine, mais aussi d’engager des travaux permettant d’optimiser les conditions de présentation, de rangement et de sauvegarde des collections tenant compte des niveaux de température et de lumière ambiantes et des taux d’humidité . Nous pouvons rendre hommage en revanche au travail réalisé par les spécialistes comme François Lopez, responsable du fonds, ayant œuvré pour l’inventaire et le sauvetage de la collection, alors que les politiques piétinent et piétinent encore sur chacun de leur mandat pour prendre leur responsabilité.
Car nous allons bientôt entamer l’année 2020 et qu’en est-il des implications des élus successifs et des priorités données au sauvetage de ce trésor patrimonial ? N’y a-t-il pas moyen de prendre vraiment le problème à son origine et à l’ampleur de sa réalité – Est-ce qu’un politique va enfin se sentir responsable et vraiment concerné ?
C’est un patrimoine rarissime et inestimable pour une ville comme Saintes et il est donc véritablement regrettable que succession faite d’au moins quatre maires, rien ne soit réellement fait en urgence pour une réhabilitation rapide et concrète. Chacun dit depuis des lustres « s’en occuper » sans que rien finalement ne soit décisif et radical.
Une place dans un Musée ?
Les fonds littéraires, manuscrits, ouvrages anciens du 11ème, 15ème au 19èmesiècles, des œuvres régionales mais aussi des impressions iconographiques, photos, plans, esquisses, aquarelles … sont en effet d’une fragilité extrême et nombre de pièces mériteraient d’intégrer une Collection Muséale au lieu de mourir dans le silence des politiques successives.
A ce titre, et au regard de l’indispensable et urgente construction du grand Musée Saintais, nous, association MédiaCtions, mettons en proposition l’intégration de quelques œuvres primordiales du fonds ancien dans les projets du Programme Scientifique et Culturel, document rédigé au titre de la naissance d’un musée et qui, à Saintes, a déjà été voté et validé par les instances étatiques culturelles pour sa première phase.
Au profit du plus grand nombre et non quelques érudits
Ne pouvant en effet répondre aux besoins financiers et à la réhabilitation de tous les bâtis municipaux de la ville de Saintes, n’est-il pas l’heure de concevoir non pas un musée strictement garni des lapidaires romaines mais aussi et plus logiquement un musée comprenant nos collections de toute forme que ce soit, représentant 2000 ans de notre histoire ?
Des pièces majeures telles la charte de 1081 de Saint-Eutrope ou des registres concernant Bernard-Palissy ne pourraient-ils pas prendre place dans des espaces muséaux recevant les qualités de conservation indispensables à leur protection et présentation aux publics ? Pourquoi est-ce possible dans le monde entier et pas à Saintes ?
Musée saintais, qui, nous le rappelons, aura encore toute sa place sur le Site Saint-Louis, en accord avec les acquéreurs Linkcity. Cela ne dépend que du programme culturel et patrimonial que choisiront les saintais lors des prochaines élections.
Des priorités
Alors au lieu de dépenser sans compter pour des manifestations aussi polémiques qu’éphémères tel le vortex installé lors de l’anniversaire de l’Arc dit de Germanicus, l’agencement assassin du site de la Palu ou alors bien entendu le projet des gradins dans l’amphithéâtre qui non seulement saccageront le site mais ne pourront être utilisés que quelques soirs dans l’année,
N’y a-t-il pas urgence de réhabiliter les bâtis, les toitures et les salles du fonds ancien de Saintes ?
N’y a-t-il pas urgence d’étudier un vrai projet de préservation et de présentation des collections historiques saintaises ?
N’y a-t-il pas urgence d’investir intelligemment nos impôts et demander l’aide des instances nationales pour de vrais dossiers de sauvetage et ce de manière concomitante au financement de la restauration de l’amphithéâtre ?
N’y a-t-il pas urgence de s’investir pour la protection de ce qui nous appartient au lieu de dépenser naïvement pour inventer un monde d’apparence, surfait et destructeur de notre histoire, à Saint Louis, à l‘amphithéâtre ou à la Palu ?
Nous souhaiterions par la même occasion savoir ce qu’il est advenu des meubles et livres répertoriés lors du déménagement de la Maison AUDIAT, dans le vallon des Arènes, déménagement effectué courant février 2019…
Où sont les meubles – où sont les livres ? Ont-ils fait l’objet d’un inventaire disponible au public ? Nous en avons par-dessus la tête d’entendre dire que c’est le maire précédent qui n’a rien fait pour sauver le fonds ancien ou autre monument alors que les projets superflus continuent de se répandre en annonces et études coutant des fortunes, au dépend des priorités.
Crédit photo sud-ouest-Le Fonds ancien régional sort de ses réserves 28/04/2014
Si nul n’est responsable aujourd’hui de la tempête « Amélie », la municipalité, elle, est responsable du manque de vigilance et de concret face à un dossier qui s’éternise sans aucune conscience ni réalité depuis son élection.
Ainsi, demandons à la ville de Saintes de nous expliquer instamment ce qui va être fait pour protéger et présenter l’ensemble des collections patrimoniales de Saintes, dont les collections du fonds ancien aujourd’hui parquées sur des palettes ou nos lapidaires mourant dans des cartons ?
Les citoyens ne sont pas des enfants rêvant de pédalos et de cantatrices mais des gens sérieux désirant avant tout protéger ce qui leur appartient. Une municipalité, simple locataire des patrimoines de la cité, est responsable des engagements qu’elle prend pour les protéger.
Votre association Médiactions - 07/11/2019
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